Dans mes déambulations photographiques, je m’intéresse surtout aux gens, sur le pavé, dans les cafés, dans les transports, dans tous les aspects visibles de leur vie, à l’affut d’une situation, ou tout simplement d’un geste, d’un sourire, d’une attitude. Parfois, je marche toute la journée l’esprit tendu, cherchant dans les rues à prendre sur le vif des photos comme des flagrants délits. J’ai alors surtout le désir de saisir dans une seule image l’essentiel d’une scène qui surgirait. Ainsi, je crois qu’il y a dans la photo quelque chose de mystérieux, que j’appellerais une attirance inévitable. J’attire des choses et des choses m’attirent. Quand je sens que les « choses » se mettent à dialoguer avec leur environnement, je m’approche à pas de loup, car je sais que c’est au moment de passer à l’acte que tout se réunit : ce court moment qui fait appel à mon œil dans le viseur, à mon cerveau qui choisit le cadrage, mon doigt qui déclenche, mes jambes qui trouvent la bonne distance. Alors survient un équilibre entre quelque chose de construit et quelque chose qui échappe, un hasard qui surgit. Entre la maîtrise et la part laissée à l’imprévu. C’est pour capter cette tension entre ces deux situations opposées que je parcours les différents théâtres de la vie humaine, toujours à la recherche d’une expression de la beauté. Dans ces moments là, je n’ai aucun message à délivrer. Seul mon œil surpris décide.